Après son premier album intitulé Seize, Eryk.e jette son encre en Alaska pour nous réchauffer et assouvir notre soif d’émotions. Ce nouvel album nous berce entre réalité, songe, actualité et tout ce qui nous ronge. À travers un vagabondage intérieur dans une obscurité éclairante, il brasse avec délicatesse nos souvenirs embrumés et les dépose à la surface pour qu’on les embrasse. Nous sommes pris à partie bien malgré nous et la magie opère encore.
Un chanteur à texte qui touche les points sensibles
De nouveau, le mécanisme complexe des relations humaines s’enclenche avec ce nouvel album. Il nous pousse à l’introspection – signature d’auteur assez nette, (ré)anime nos dialogues intérieurs. Dans nos dualités langoureuses, l’essence de nos émotions se libère telle une phéromone, comme le parfum suspendu d’une fleur évanescente. Enivré, envoûté, on s’habitue à voyager clandestinement, sans billet ni passeport vers une terre glaciale, théâtre de l’affrontement avec nos anciens démons, la vie d’aujourd’hui et nos désillusions. Ce voyage intérieur s’entend sur 1h06 de sillons, durée précise de l’album. Mais en réalité, la parenthèse Alaska ne se referme pas… Il faudra vous attendre à voyager immobile et léger, à apprivoiser les images et les voix, à partir puis revenir enfin apaisé, réconcilié et amusé parfois.
Si Eryk.e joue constamment sur notre corde sensible au travers de nos émotions, il n’hésite pas non plus dans cet album à nous interpeler avec la réalité ou l’actualité la plus poignante. « Alaska », le titre éponyme de l’album fait référence à un drame encore bien ancré dans nos mémoires. Qui ne se souvient pas du petit Alan Kurdi, un enfant syrien de trois ans découvert sans vie sur une plage de Turquie en 2015 ?… Comment rester muet face à l’insupportable ?
Chahutés, bousculés, dérangés même, on se sent toujours faire partie de chacune de ses histoires et si ce n’est en tant qu’acteur, c’est en témoin involontaire. Sur ce terrain de jeu, l’artiste, et la fine plume qu’il est, nous mène où il veut.
Une voix, des musiciens, un univers bien musclé !
A son écoute, Alaska me pousse vers le haut, me retient ou me suspend au-dessus du vide. Je plonge à pic sur le noir et blanc d’un clavier, puis je glisse, suspendu in extrémis aux cordes d’une guitare. Je rebondis par chance sur les pistons d’une trompette, avant de me retrouver en équilibre sur l’archet d’un violoncelle, glissant ensuite sur les peaux d’une batterie ou pénétrant dans les coulisses dorées d’un trombone. Cette jungle instrumentale est en réalité si bien organisée, au point de m’indiquer plusieurs chemins à emprunter. Le majeur sur le pouce, je savoure avec délectation les arrangements qui valorisent parfaitement le timbre de cette voix grave enveloppée d’une brume qui n’est pas de la mélancolie.
Avec Eryk.e, on a toujours le choix d’interpréter les mots comme on souhaite.
La musique, l’écriture, l’amitié et la vie sont ses petits paradis…
Eryk.e, l’homme qui sait s’entourer et l’homme à qui tout sourit, m’a une fois de plus embarqué dans un vague à l’âme de plusieurs mètres de haut, faisant de moi le Capitaine du Navire-Saudade amarré sur la plus petite piste du CD auquel j’ai encore cédé. Les yeux mouillés par cette traversée océanique mouvementée, je reprends mes esprits et reviens à ma vie d’aujourd’hui. Jean-Louis Murat, muse bienveillante d’Eryk.e depuis de longues années, observe son ami évoluer. Complices dans la musique, ils se retrouvent dans un univers assez proche où ce qui est sombre n’est pas forcément triste, et ce qui est nostalgique ne fait pas nécessairement couler les larmes.
La tournée d’Eryk.e a déjà commencé à Cébazat (Sémaphore le 28 septembre dernier) et Paris (25 octobre à la Sorbonne, 14 novembre aux Trois Baudets). L’artiste clermontois va enchaîner les scènes et promouvoir en même temps la créativité artistique de notre belle région. En attendant de (re)découvrir notre ambassadeur auvergnat en Live à Billom le 18 janvier 2019, ou à Clermont-Ferrand (une création est annoncée le 26/01/2019 à la Chapelle des Cordeliers), vous pourrez dès le 26 octobre 2019 acheter son album à la FNAC, à la Librairie des Volcans, sur Inouie-Distribution, ou bien le télécharger sur vos plateformes favorites.
Bon voyage en Alaska !
www.paniermusique.fr
www.fnac.com
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